11 septembre 2012 | Nicolas Cantin et Michèle Febvre se rencontrent une fois par semaine, tous les mardis après-midi. Leurs dialogues épurés me font penser à un film de Jean-Luc Godard (un de leur goût commun). Une complicité émerge de leurs huis clos. « Parle-moi de toi. » Michèle évoque son enfance et notamment le souvenir des traditionnelles photos de famille où tout le monde se place et sourit. Ces bribes de vie composent une série d’instantanés.
27 novembre 2012 | Un « anti-portrait », comme aime le dire Nicolas, est né de leurs échanges et de leur connivence artistique. Un portrait de Michèle Febvre fragmenté. « Je suis la Dora Maar de Nicolas Cantin » souligne-t-elle souvent. Sa voix retransmise sur un vieux magnétophone lui donne un grain cinématographique. De ses confidences émerge la fiction. Un portrait du créateur à travers son modèle.
« Michèle est comme une tasse en porcelaine que je laisse tomber, qui casse, et dont on prend les fragments et qu’on essaie de reconstruire. La pièce, ce sont des fragments d’une histoire » (…)
11 décembre 2012 | Notes de Nicolas :
Assumer le rien.
Prendre le temps des respirations.
Laisser mourir chaque moment.
Ne pas devenir anecdotique.
Laisser l’émotion se déposer.
Si on va trop vite, on marche sur les fleurs.
Amener de soi sur scène à travers le vécu.
Déborder la scène.
Je cherche une émotion que je ne comprends pas. Une émotion qui m’échappe.
19 février 2013 | Nicolas à Michèle : « Toi, qui regardes depuis si longtemps la danse. Te voir nous regarder ».
(notes du processus de création, transcrites par Katya M.)
18 décembre 2012 | J’ai invité quelques complices à venir voir un enchainement. Michèle réalise que « le trac n’a pas d’âge »… Quelque chose s’est cristallisé : un solo qui dure déjà 25 minutes.
« J’ai l’impression que ce projet a ouvert un nouveau cycle ou de nouvelles obsessions : partir de la personne, m’intéresser à déplier quelque chose au niveau de son histoire, de sa biographie, explique le “chorégraphe”. Je suis proche du ready-made en ce moment, c’est la personne pour elle-même. »
Après une suite de pièces plus relationnelles s’ouvre un cycle de solos où les interprètes sont plutôt en relation avec leurs fantômes, leurs mémoires, les absents, leur histoire, leur enfance.
Frédérique Doyon, Le Devoir, 23 novembre 2013, « Un ready-made chorégraphique »
Lire aussi : Portrait de Michèle Febvre sur le site de Dance Collection Danse
Portrait de Nicolas Cantin sur Local Gesture
Michèle Febvre : entre hier et demain, La Presse, Aline Apostolska, 29 novembre 2013
Revue de presse concernant Cheese (2013)