Janvier 2012…
L’enjeu des collisions artistiques provoquées par le projet Pluton invite chacun à sortir de sa zone de confort…
Imaginer Paul-André Fortier sur scène, avec des lunettes noires et une bouteille de bière à la main, interpréter le Faune version Gravel…
Au début, je craignais que les danseurs seniors se sentent déboussolés de travailler avec de plus jeunes créateurs, mais dès l’une des premières rencontres du projet, j’ai compris que les chorégraphes auraient du fil à retordre :
« On n’apprend pas au vieux singe à faire la grimace »
(nous confie rapidement Paul-André Fortier dès le début du processus de création…)
Mardi 24 novembre 2015
Paul-André et Fred s’apprivoisent. Chacun contamine l’autre par sa présence. Les deux se suivent. À l’écoute l’un de l’autre, ils improvisent en duo, même si, au final, ce sera un solo. This duet that we didn’t do yet…
Quand Paul-André reprend le parcours seul, l’ombre de Fred plane sous ses gestes…
Jeudi 3 mars 2016
C’est fascinant de voir Paul-André danser du Gravel. Cet état « informel » qui contraste avec une certaine formalité dans laquelle on s’attendrait à le voir est à la fois surprenant et troublant à découvrir dans son corps.
Les regards de Paul-André sont importants. Ça pourrait durer davantage (car ce moment crée une rupture). Un espace « hors-temps ». Tout d’un coup, on est face à lui. Tout d’un coup, Paul-André fait face au public. C’est à la fois tout simple et très fort.
Jeudi 31 mars 2016
Au début de chaque répétition, Fred et Paul-André se content des anecdotes de tournées et certaines rencontres weird dans le milieu de la diffusion en danse. Tomas Furey est venu les voir hier. La musique avance.
Notes de Gravel à Fortier :
Ne pas finir le mouvement
Cacher la face en général
Prendre vraiment le temps
Paul-André : « C’est naturel chez toi, pour moi, c’est du chinois »…
Alors que Fred travaille sur l’informel, il y a quelque chose d’éminemment solennel chez Paul-André. Son regard concentré semble sévère. Fred l’appelle le « patriarche ». Peu à peu, dans le solo, le regard s’adoucit et le sourire apparaît. Moment de grâce.
Notes sur le processus de création, par Katya M.
« j’oublie parfois que c’est Fortier que je regarde parce que je ne reconnais pas sa posture habituelle. Je ne reconnais pas tout à fait la chorégraphie de Gravel non plus, qui se fait ici beaucoup plus doux et subtil. C’est la beauté de ce projet. » (Sylvain Verstricht, Local Gestures)