Jeudi 22 octobre 2015 : 2e répétition…
« C’est difficile les débuts. C’est accepter le deuil de toutes les possibilités qui ne seront pas ». (Mélanie Demers)
Toute l’équipe a lu un texte de Jonathan Burrows et parle du « meaning ». Mélanie se sent prise avec son besoin de sens, elle aimerait s’en libérer. Travailler sur le désir de mouvement et en même temps résister à ce désir.
Essayer de réaliser une série d’actions sans jamais y parvenir :
Partir. Marcher. Sauter. Tomber. Saigner. Traverser une rivière. Prier. Regarder derrière. Toucher ses genoux.
Lundi 26 octobre 2015 :
Partir des sensations.
Retrouver l’état.
L’oppression du désir, du théâtral au système nerveux.
Mélanie recherche un langage commun à travers la verbalisation de l’expérience. Marc parle de noyade et de désir étouffé, alors que pour Linda, il s’agit de se concentrer sur l’inspire.
Mélanie parle du théâtre du réel.
Pour Linda, c’est du théâtre surréel.
Marc s’interroge : « Où est la théâtralité et où est la réalité ? »
Vendredi 18 décembre 2015 :
Talons hauts et faux-cils.
Mouvements d’oppression respiratoires.
Linda commence à chanter : « Let me… » mais le son ne sort pas. Elle renifle. Suffocations. Mugissements. Let me ! Let me… ! Arrgghhh… “Let me entertain you…”
Linda danse. Marc l’observe. Comme une ombre.
Morceaux épars. De l’ordre de l’accident, de l’animal, du nourrisson. Absence d’affect. Contact étrange, état de corps, relation troublante. Deux solitudes émergent du duo. Deux personnages décadents. Divas déchues.
Jeudi 3 mars 2016 :
Objet singulier, chargé, inconfortable. Je découvre Marc – que je croyais pourtant connaitre par cœur, à force de l’avoir vu interpréter tant de projets disparates ! Et je suis déroutée, ébranlée, fascinée de le découvrir, encore, sous un nouveau jour. Découvrir Linda qui surgit, éructe, joue le jeu et se dévoile, tout en se métamorphosant. Duo à la fois complètement improbable et sublime.
Jeudi 12 mai 2016 : J-15…
Aujourd’hui, Mélanie aspire à la nuance, à insérer de la douceur dans les tableaux. Avec Chi Long en tant que complice artistique, les danseurs travaillent sur des subtilités qui renversent parfois tout un tableau. De la souffrance surgissent alors des moments d’extase. Les cris de douleurs se transforment en soupirs orgasmiques.
Marc Boivin, généreux, fougueux, impétueux, est tout simplement déboussolant,
Linda Rabin captivante et méconnaissable.
(Notes du processus de création,
recueillies par Katya M.)